Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusquâau Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne lâattend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien nâait été dit, sans raison objective, Mathilde nâa plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, quâelle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là , chaque jour, des gens lâattendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et lâimmense solitude quâelle abrite.Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour dâeux, la ville se presse, se tend, jamais ne sâarrête. Autour dâeux sâagite un monde privé de douceur. Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cÅur dâune ville sans cesse en mouvement, multipliée, où lâon risque de se perdre sans aucun bruit.